le franc dégradé des années 1950

Signe de cette dégradation du pouvoir d'achat de la monnaie, des pièces de valeurs faciales égales à 10, 20 et 50 francs sont créées en 1950. Une pièce de 100 francs est fabriquée à partir de 1954. Ces monnaies, en alliage bronze-aluminium pour les premières et cupro-nickel pour la seconde, deviennent d'usage courant.

La montée des valeurs faciales apparaît également sur les coupures émises par la Banque de France durant les années 1950.

"La dégradation du franc, c'est l'abaissement de la France" écrit, en mars 1952, le Gouverneur de la Banque de France, Wilfrid Baumgartner. Cette mise en garde intervient après plusieurs années de dépréciation de la monnaie.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, on a assisté à un dérapage de l'inflation. Cette situation a des causes multiples : pléthore de monnaie face à une insuffisance de l'offre, déficits budgétaires massifs justifiés par la volonté de reconstruction et de réarmement, forte pression salariale... De 1944 à 1948, le franc a perdu près de 80 % de son pouvoir d'achat à l'intérieur du pays. La dépréciation de la valeur externe de la monnaie est inévitable. Entre 1944 et 1949, la valeur du dollar est multipliée par 7. Les dévaluations se succèdent et, en septembre 1949, le franc ne vaut plus que 2,54 milligrammes d'or fin... On est loin des 21 milligrammes de 1940, sans parler du franc germinal ou même du franc Poincaré.

L'avertissement lancé par le Gouverneur de la Banque de France en 1952, "l'Etat comme les particuliers vivent au-dessus de leurs moyens", sera entendu et les années 1952 à 1955 voient la mise en place d'un programme de stabilisation monétaire. Mais l'assainissement intérieur demeure incomplet et l'année 1956 marque la rechute. Au moment où la guerre d'Algérie s'intensifie, on assiste à une forte hausse du déficit budgétaire. Il faudra attendre le milieu de 1957 pour qu'un nouvel effort de correction soit entrepris, mais celui-ci ne portera ses fruits que plus tard. Entretemps, en mai 1958, l'insurrection d'Alger a conduit au retour du général de Gaulle. Accompagnant le changement politique, une ère nouvelle s'ouvre pour le franc.