Nicolas
Oresme (v. 1320--1382)
Originaire
de Normandie, Nicolas Oresme fut évêque de Lisieux de 1377 à 1382. Ce philosophe,
écrivain et érudit exerça une influence considérable sur le futur Charles V.
Il fut son précepteur et conseiller. A sa demande, il traduisit Aristote. Il
étudia aussi la physique et l'astronomie, préfigurant les intuitions ou démonstrations
relatives à la loi de la chute des corps ou au mouvement de la terre autour
du soleil. Les idées d'Oresme en matière de politique économique ont inspiré
la pensée et l'action du Dauphin, qui assura la régence pendant l'emprisonnement
de Jean II le Bon, puis du roi. Le retour d'une relative stabilité monétaire
sous le règne de Charles V est à mettre au crédit d'un de ceux dont le roi reconnut :
" Nous avons, pour donner des conseils à la majesté royale, des hommes
illustres et super-illustres, lettrés, sages et savants dont les pensées et
les actions sont l'honneur du monde ".
Nicolas
Oresme rassembla et développa ses thèses monétaires, conformes aux idées des
docteurs scolastiques, dans son Traité de
la première invention des monnaies, paru
en 1370. Les manipulations monétaires y sont sévèrement critiquées. Pour Oresme,
la monnaie est "l'instrument de la permutation des richesses naturelles". Elle
n'est pas la chose du Prince mais "appartient à la communauté et à chacune des
personnes qui la composent". Conséquence de cette conception, "le cours et le
prix des monnaies dans un royaume doivent être pour ainsi dire une loi, un règlement
ferme" et si la mutation monétaire est envisagée, le procédé "n'est pas contre
nature ni comparable à l'usure, du moment que ce n'est pas le prince qui le
fait mais la communauté même à qui appartient cette monnaie".