Les mutations monétaires
L'affaiblissement des monnaies peut avoir diverses causes : manque de métaux précieux, usure naturelle, concurrence des pièces étrangères. Mais il peut être provoqué par un Etat endetté qui trouve avantage à rembourser ses créanciers en monnaie dépréciée. On eut largement recours à de telles pratiques, condamnées notamment par Nicolas Oresme.

 

 

 

Ainsi le gros d'argent, frappé en 1266 pour une valeur de 12 deniers tournois, vit sa valeur portée par Philippe le Bel, surnommé le "roi faux monnayeur", à 13 deniers en 1290, 15 en 1295, 20 en 1301 puis 39 en 1303. De 1355 à 1360, on ne compte pas moins de 52 mutations.

Témoignage de cette époque agitée, deux mandements pour la monnaie de Poitiers montrent une dépréciation de 16,6 % en l'espace de 3 jours.

Et faictes donner aux Changeurs & Marchans de chacun marc d'Argent tant blanc comme noir, neuf livres tournois
Mandement de Charles, Régent, fixant le prix de l'Argent pour faire fabriquer des blancs Deniers dans la Monnoye de Poictiers (27 juillet 1360)

Nous & pour certaines caufes vous mandons que tantoft & fans delay ces Lectres veues, vous faictes donner aux Changeurs & Marchans frequentant icelle, pour chacun marc d'Argent trente fols tournois de creue, oultre ledit pris de neuf livres tournois qu'ilz ont à prefent : ainfi auront dix livres dix fols tournois, en ouvrant & faifant ouvrer iceulx blancs Deniers fur ledit poix & loix comme deffus.
Mandement de Charles, Régent, pour augmenter le prix de l'Argent apporté dans la Monnoye de Poictiers (30 juillet 1360)

 

 

Alors que la livre de Charlemagne correspondait à 490 g d'argent, le franc de Jean le Bon, qui avait cours initialement pour une livre, équivalait à peu près à 43 g d'argent. Et le déclin se poursuivit encore. Sous Louis XIV, les manipulations monétaires furent à l'origine des premières formes de monnaie papier en France : les billets de monnaie.

 

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